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 Vendre mon cheval ? Moi, jamais !

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Joey
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Joey


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Vendre mon cheval ? Moi, jamais ! Empty
MessageSujet: Vendre mon cheval ? Moi, jamais !   Vendre mon cheval ? Moi, jamais ! I_icon_minitimeVen 16 Oct - 11:23

Vendre mon cheval ?
Moi, jamais !


C’est un phénomène typiquement féminin : ne jamais se séparer de sa première monture. Quitte à arrêter les sports équestre en même temps que lui, ou à se ruiner… Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce farouche attachement ? Enquête (pour rire) en 8 points.

Garder à la vie à la mort son premier cheval, le phénomène serait purement féminin. Les garçons sont, semble-t-il, plus cohérents : ils ont un cheval pour sauter, le cheval ne saute plus, ils changent de cheval… Ah, que la vie est simple quand on est un mâle ! Les filles, c’est plus compliqué, ça se sent responsable, lié affectivement, moralement, psychologiquement… Et les emmerdements commencent !


1 « Panpan est là, devant moi, dans son pré, triant de son gros nez les boutons d’or. Mon Panpan ! 28 ans et toutes ses dents. C’est avec lui que j’ai fait mes premiers pas en CSO, il y a… très longtemps. J’adorais ça, le concours. Mais, à 12 ans, Panpan a été réformé : arthrose incompatible avec le saut d’obstacles. Cela a mis fin à ma carrière sportive. J’avais pourtant le choix : vendre Panpan (après une bonne infiltration, il aurait fait illusion) et racheter une autre monture, ou mettre Panpan au pré. Financièrement, je ne pouvais pas faire les deux. Je n’ai pas eu besoin de réfléchir : vendre Panpan, c’était exclu ! »
A l’époque, la réaction immédiate de Gonzague, le copain d’Isa, héroïne de cette histoire, fut carrée : « T’es cinglée ? » Et Isa quitta Gonzague, son premier amant, son premier amoureux… Les filles, c’est comme ça : un type, ça se jette ; un cheval, ça se garde.
Il paraît qu’Isa n’est pas un cas isolé. Que toutes les femmes réagissent pareil : leur premier cheval, elles ne s’en séparent jamais. Inutile d’aller chercher la signification de ce phénomène dans les livres de psychologie, ça ne s’explique pas plus que l’amour… maternel, par exemple. C’est comme ça. De là à dire qu’un cheval, c’est une sorte de bébé, il n’y a qu’un pas, que l’on franchit allègrement. Vous en connaissez beaucoup, vous, des mamans qui jettent leur bébé avec l’eau du bain ? Qui le refilent à un marchand à la première diarrhée ? Mettons ça sur l’inné – mais on peut aussi invoquer une sorte de lien charnel, tissé à coups de fesses talquées et couches changées (pour les bébés), ou de robe bouchonnée et de pieds curés (pour les chevaux). Des gestes triviaux faits avec un plaisir sensuel et une fierté des plus nourrissantes.
Vous me direz : que ce soit le premier ou le quinzième cheval, on curera toujours les pieds… Pfffff, béotien ! On ne pense pas son premier cheval comme on soignerait une monture anonyme. Le « premier », tant désiré, tant attendu – parce que, sauf dans la catégorie sociopro +, on l’attend toujours son premier cheval. On économise pour ça, on fait du charme à son banquier, ce qui prend du temps, tout comme convaincre Papa ou Tata de vous aider pour le payer, ce cheval.

2 Un premier cheval… C’est aussi grâce à lui que l’on est devenu propriétaire. Donc responsable. Et « grande ». Une fille, quand elle se sent responsable, ça lui donne des ailes. Et une reconnaissance éternelle pour celui qui a su la révéler. Ce n’est pas du tout pareil d’être propriétaire d’un cheval ou d’un appartement. Avec le cheval, on échappe à la réunion de copropriété, et à l’entretien des parties communes. Propriétaire d’un cheval, c’est rejoindre une communauté, « en être », membre de la même confrérie que l’Aga Khan… Une fille propriétaire, c’est une sacré revanche sur les images d’Epinal qui trainent dans notre cervelle : costume trois pièces, Rolex et grosse cylindrée ! Les filles devenues « propriétaire » d’un cheval sont plutôt d’emblée les petites cousines du renard de Saint Exupéry : responsables de ce qu’elles apprivoisent. Et gratitude à vie pour l’apprivoisé !

3 Selon nos statistiques, 9 petites filles sur 10 entre 5 et 12 ans rêvent d’avoir un poney dans leur chambre (ou leur jardin). Elles sont encore 7 sur 10 à en rêver ensuite… jusqu’à 77 ans. Parmi cette foule de filles, certaines y parviennent. Pas forcément les plus riches. Prêtes à se saigner aux quatre veines, à faire un détour pour ne pas passer devant H&M, à travailler plus pour gagner plus… Plus de sous pour lui. Lui, là, le grand échalas dans son box… A qui il faudrait bien une nouvelle couverture. Pour qui le véto a conseillé des vitamines. A cause de qui, pas de vacances – ou plutôt les plus belles de toutes : du temps pour être avec lui. C’est comme ça.
Tout ça pour dire que l’équidé est plus fort que le prince charmant. Celui-là, il ne fait pas long feu au hit-parade mental des filles. Dévalorisé pour cause de « Plus belle la vie » et des « Simpsons » (au hasard). Donc, les filles, en quête de valeur sûre, se tournent vers la gente équine. Là, c’est du jackpot à tous les coups, des souvenirs pour la vie, des émois de tous les instants. Et vous voudriez qu’elles se séparent de celui avec qui les « premières fois » ont été aussi belles, aussi intenses ? La première entrée dans le box frais paillé, le premier regard, le premier saut, le premier gadin, le premier pouce de pied écrasé…

4 Le premier cheval, m’explique Lucie, grande professionnelle et pédagogue née, c’est le « coéquipier du rêve », autrement dit celui de tous les possibles, l’ami de l’enfant qui est en nous, même si on l’a acheté à un âge avancé (la cavalière, pas le cheval). Le compagnon de sensations inouïes : tout le monde le sait, monter son cheval à soi, ce n’est pas comme monter un cheval de club endurci par les centaines de mains indiscrètes, de fesses trop lourdes, d’éperons maladroits. Son premier cheval, c’est celui progresse avec vous, avec qui toutes les négociations sont possibles : je te fous la paix, mais tu passes de l’autre côté de la barre (ou du tronc d’arbre, ou de la porte de la carrière). Celui qui est juste à votre main.
Et on le vendrait, cet ami-là ? Pourquoi on le vendrait ? Pour s’en débarrasser ? On ne se dessaisit pas comme ça de ses rêves… Parce qu’on ne l’aime pas ? Impossible… On va au contraire le remercier en le mettant au pré – « moisir dans l’herbe » dirait un macho mal intentionné…
En tout cas, Lucie est catégorique : on ne jette pas plus son premier cheval que l’on n’oublie sa mère ! Et ça, toutes les filles vous le diront, c’est impossible. Maman poule, mère sévère, matrone perverse ou « moule » prostrée, même combat que canasson cagneux, pur-sang psychopathe, haflinger taquin ou anglo-arabe trop malin : de la névrose à vie ! Même si l’on est devenu marchand de chevaux (comme Lucie). Le premier, c’est justement celui qui était là avant que l’on se découvre cette vocation. Un cheval avec lequel il n’y a pas de « relation de commerce ». Un témoin de l’époque où l’on ne savait pas ce que l’on allait devenir.
Même si ce n’est pas vrai, c’est comme ça qu’on le voit, son premier cheval… L’air de rien, Lucie est prête, là maintenant, avec ses 60 balais, à vous raconter pendant une heure ses souvenirs de Rantamplan, le premier, un selle français forcément de toute beauté, crack dans l’âme, sauteur exceptionnel… On vous épargne ça : les récits de « mon cheval et moi », c’est comme la description de son-rêve-de-la-nuit-dernière, ça n’intéresse personne.

5 A l’autre bout du prisme, voilà Noémie, 15 ans. Bientôt dix printemps qu’elle en rêve, de son premier cheval. Elle fait ses économies : « C’est pas demain que je vais l’avoir, mais ça avance… Je stagne un peu sur 162 €. » Du coup, elle finasse : « Martine, une copine de classe qui a son propre cheval, est venue chez moi. Quand son père est venu la rechercher, j’ai entendu ma mère lui demander combien lui coûtait le cheval par mois. Ensuite, elle m’a interrogée sur tout ce qu’il fallait payer, et je lui ai donné tous les prix. Ma mère était très surprise que je sois aussi sérieuse sur ce sujet, car je ne le suis pas dans la vie courante. »
Noémie aura bientôt son cheval, c’est sûr. Aussi sûr que, jamais, elle ne s’en séparera. C’est comme ça.

6 Sara, elle, est carrément radicale. Vendre son premier cheval ? « Non mais ? Je ne l’ai pas dressé, chouchouté pour qu’il se retrouve monté n’importe comment par un junior qui le jetterait dans son box sans même une caresse. Ou avec un cavalier qui ne lèverait même pas son cul pour lui donner à boire en concours. Ou dans un club, à faire la meule avec des débutants… »
Son premier cheval à Sara ? « Je l’ai enterré dans le pré où il était à la retraite, mais je ne peux pas le dire, c’est interdit par la loi. » Pour Sara, il y a eu plein de « premier cheval ». Le premier, donc, enterré. Les deuxième, troisième et quatrième, au pré après une belle carrière chacun sur les barres. Les cinquième et sixième « premier cheval » sont encore en service… Mais Sara envisage carrément d’investir dans la terre. Pour avoir son pré.
Vendre un cheval ? « Jamais. C’est comme ça. Ce sont des animaux, pas des sandwiches que l’on jette quand on n’a plus faim. Un cheval, ce n’est pas un outil ni un faire-valoir. Il nous a bien servis, on ne va pas le lâcher quand il est usé ! »

7 Parfois, les mâles peuvent quand même comprendre le comportement féminin. Thomas, par exemple… C’est le mari d’Edith. Le second. Avant lui, Edith a eu un autre mari très gentil. Pas trop riche mais pas si pauvre. Il avait en tout cas les moyens d’offrir en cadeau de noces un formidable Bedroum à sa jeune épouse. Bedroom… Quarter alezan, prêt à toutes les balades – et même aux concours d’endurance. L’idylle a duré sept ans – c’est le temps de la plupart des mariages. Et quand Edith s’est retrouvée seule avec ses trois bambins, il a bien fallu vendre Bedroum. Lequel n’est pas si mal tombé, dans une famille affectueuse.
Puis Edith, divorcée et nostalgique du monde équestre s’est remise à trainer dans les courses d’endurance. Là, elle a rencontré Thomas, l’homme de sa vie actuelle. Un jour, étourdiment, Thomas lui a demandé si elle n’avait pas envie de remonter à cheval. Edith a dit « Ho si ! » Avec un bémol : elle voulait monter à Bedroum ! Thomas – fallait-il qu’il aime Edith – a fini par retrouver Bedroum, 16 ans passés mais toujours bon pied bon œil. Il l’a payé dix fois son prix. Et Edith a retrouvé Bedroum ! Ne dirait-on pas un conte de fées ?

8 Une petite analyse de la sociologue Catherine Tourre-Malen sur la féminisation de l’équitation nous aiderait peut-être à comprendre le phénomène « jamais son mon premier cheval ». Selon elle, cette féminisation de l’équitation ne serait pas une victoire des femmes car, « dans sa forme actuelle, cette activité contribue à la reproduction des schémas qui assignent la femme à la sphère domestique et à l’élevage des enfants. »
Qu’est-ce que je vous disais ? Peut-être que, dans une époque troublée, où les enfants vivent leur vie dès quatre ans, les femmes renouent avec leurs ancêtres, voire leur vérité archaïque, sur le dos de ce « premier cheval » ?


Texte de Marion Scali
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